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Quelle meilleure occasion qu'Halloween pour se plonger dans un bon vieux jeu d'épouvante ? Nous vous proposons de (re)découvrir un point and click horrifique bien rétro qui a fait couler pas mal d'encre à son époque : Phantasmagoria.
Vous y incarnez la jeune écrivaine Adrienne Delaney, et devrez libérer un mystérieux manoir du mal qui l'habite. Y survivrez-vous ? |
Sorti en 1995 sur PC et 1997 sur Sega Saturn, Phantasmagoria est l'oeuvre de Roberta C. Williams, bien connue dans le monde du jeu vidéo pour être considérée comme la pionnière des histoires interactives. Elle est en effet à l'origine de la saga King's Quest, mais également de Mystery House, le premier jeu d'aventure graphique sorti en 1980. Le succès est tel que la même année, son compagnon et elle fondent On-Line Systems, qui deviendra deux ans plus tard Sierra Online, un studio de développement bien connu des amateurs de point and click.
• L'Histoire
Dans Phantasmagoria, nous suivons les aventures d'un jeune couple américain venant d'emménager dans leur nouvelle demeure. Adrienne Delaney, écrivaine, et Donald Gordon, photographe, sont aux anges, et rien ne laisse à penser que ce déménagement va très rapidement prendre des allures de cauchemar sanglant...
En effet, ce mystérieux manoir où le couple s'installera en votre compagnie n'a rien de franchement rassurant. Son précédent locataire n'est autre que Zoltan Carnovash, un célèbre illusionniste du 19ème siècle, connu pour ses spectacles macabres où scènes d'horreur, illusions de tortures et autres joyeusetés de ce genre étaient au programme. De quoi en décourager plus d'un, mais pas notre jeune couple, qui n'en a visiblement pas grand chose à faire... Mais pas pour très longtemps.
Très vite, lors de votre visite du manoir avec Adrienne, les problèmes commenceront. La découverte de pièces secrètes, de personnages farfelus, d'objets étranges et ces cauchemars effrayants dont vous êtes la cible vous ferons vite réaliser que la demeure cache un bien terrible secret. Sans parler du changement de comportement de Don, votre mari, qui n'est pas sans rappeler le pauvre Jack de Shining.
Nous n'en dirons pas plus sur le scénario au risque de vous gâcher la surprise. Sachez simplement que nous avons affaire là à une histoire digne des grands monuments du cinéma horrifique des années 90. Au fil des chapitres, l'atmosphère devient de plus en plus pesante et le manoir hanté joue parfaitement son rôle, on entre dans chaque nouvelle pièce avec une certaine appréhension, et l'on suit le déroulement de l'histoire avec grand plaisir.
• Gameplay
Sous ses allures de jeu d'aventure, Phantasmagoria est assez proche du film interactif. Divisé en sept chapitres distincts, votre progression sera rythmée par de nombreuses cinématiques durant lesquelles vous pourrez vous contenter d'être simple spectateur.
Au niveau des commandes, nous sommes là dans un point and click pur et dur : il suffit de balayer l'écran pour que l'icône de votre souris vire au rouge, vous signalant une possible interaction. Le panneau au bas de l'écran comporte votre inventaire et les différentes options du jeu. La tête de mort représentée à gauche est votre guide. En cliquant dessus, cette dernière vous dispensera de nombreux conseils qui vous aideront à progresser. À ce titre, Phantasmagoria n'est pas vraiment un jeu très difficile. Les énigmes se résolvent assez facilement, qui plus est avec l'aide du guide qui vous conseille lui-même de ne pas faire appel à lui trop souvent. Notez simplement la présence de l'oeil à droite, qui vous permettra d'inspecter les objets de votre inventaire et de révéler certains de leurs secrets.
Phantasmagoria est également dotée d'un système de censure assez novateur pour l'époque. Lorsqu'elle est activée, les scènes les plus violentes seront masquées par des cubes. Et des scènes violentes, il n'en manque pas. Bien qu'on puisse aujourd'hui les considérer comme assez kitchs, on parle bien de meurtres en série et de forces occultes, les joueurs les plus sensibles doivent y être préparés.
Le gameplay change toutefois d'orientation une fois arrivé au chapitre sept, en mettant bien plus en avant le côté "film interactif". Tandis que les premiers chapitres sont dédiés à l'exploration, à la progression de l'histoire et à la résolution des premiers mystères, le septième chapitre fait la part belle à l'action et à la réflexion. Vous aurez à faire de nombreux choix en un temps limité, mais la mort n'est jamais très loin, pensez donc à sauvegarder régulièrement !
• Ambiance
Graphiquement parlant, Phantasmagoria est une belle réussite. Il a la particularité d'utiliser un procédé plutôt apprécié à l'époque de sa sortie, puisque ce sont de véritables acteurs en chair et en os que vous incarnez à l'écran. Ces derniers ont été filmés sur fond bleu, afin d'être intégré dans un décor fixe en 3D du plus bel effet. Sierra Online a d'ailleurs vu les choses en grand à cette époque où la concurrence était rude, puisque ce sont plus de 4 millions de dollars qui ont été investis dans Phantasmagoria.
Le jeu d'acteur devient donc un élément très important pour la crédibilité du titre, et il se trouve être ici plutôt convaincant. Encore une fois, le titre étant sorti en 1995 et l'histoire se déroulant à la même époque, on ne pourra que s'amuser de l'accoutrement des différents personnages croisés en jeu, qui reflètent parfaitement la mode des années 90 ! Mais une fois l'aspect kitsch mis de côté, les acteurs sont tout ce qu'il y a de plus crédibles. Ce n'est certes pas la fine fleur du cinéma hollywoodien, mais ils remplissent parfaitement leurs rôles.
Phantasmagoria a par ailleurs été entièrement doublé en version française, qui plus est par d'excellentes voix, ce qui aide grandement à l'immersion. Et enfin, la musique remplie parfaitement sa fonction et sait très bien s'adapter à la progression dans le manoir, tantôt lancinante, tantôt plus violente, mais toujours des plus angoissante. Un chœur de chants grégoriens de 135 personnes est même à l’œuvre sur certaines séquences, effets garantis.
• En résumé
Les quelques premiers chapitres du jeu pourront déstabiliser certains joueurs s'attendant à de l'horreur pure et dure d'un bout à l'autre du titre. Il faudra pourtant laisser le temps à l'atmosphère et à l'ambiance de s'installer. L'intrigue se met doucement en place, les mystères s'éclaircissent de plus en plus, l'horreur se distille lentement, et c'est entre le quatrième et le cinquième chapitre que les choses sérieuses commencent.
Les scènes violentes s'enchaînent alors, dont certaines sérieusement inconfortables (comme par exemple un viol, qui même s'il est peu explicite sur le plan graphique reste assez dérangeant), qui font de Phantasmagoria un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains, malgré son système de censure à l'efficacité toute relative. Encore une fois, les joueurs les plus sensibles doivent y être préparés. Les joueurs plus à l'aise avec le gore, les effusions de sang et les scènes dérangeantes devraient toutefois y trouver leur bonheur !
Son ambiance lovecraftienne, son game-design immersif, et son intrigue accrocheuse qui nous fait monter lentement mais doucement dans l'horreur font de Phantasmagoria le parfait jeu à lancer le soir d'Halloween, mélangeant habillement le thriller au fantastique et à l'horreur. Après tout, ce n'est pas pour rien qu'il a eu un tel succès lors de son lancement, et qu'on le retrouve encore aujourd'hui très régulièrement dans les listes des meilleurs jeux d'horreur.
• Se procurer le jeu
C'est bien beau de conseiller un jeu vieux de presque vingt ans, ça devient moins drôle quand il s'agit de pouvoir se le procurer, et encore moins de le faire fonctionner sur les machines et les systèmes d'exploitation récents. Mais rassurez-vous, Phantasmagoria est disponible en abandonware (qui, rappelons-le, est un procédé toléré mais juridiquement illégal), et il est devenu très facile de se le procurer. Vous pourrez par exemple le retrouver sur www.abandonware-france.org Bon jeu !









